Le prisonnier


Le prisonnier 
Martin Gouriou
Hyppolite Arnaudau
Clément Cangiano



                                             Classique Complet




    Moi, j’ai ressenti la peur l’hiver dernier par une nuit de décembre, je marchais Rue du Renard pour me rendre à mon nouveau travail : Gardien du centre Pompidou. Sur ma route je m’arrêtais à l’Excelsior pour me prendre un Vodka Martini car j’étais extrêmement fatigué et la nuit serait longue. Après avoir remercié le barman, je sortis du bar dans le froid mordant pour me rendre sur mon lieu de travail. Enfin sur place j’entrai dans la grande galerie où  je fis partir les dernières femmes de ménages retardataires, je me déshabillai dans les vestiaires déserts où j’enfilai ma tenue. En m’habillant je fis, par inadvertance, tomber mes clés mais je ne m’en rendis pas compte. Je commençai mon tour de garde à travers sculptures et peintures. Je sillonnais les allées avec une grande attention quand tout à coup toutes les lumières s’éteignirent. Je fus envahi de frissons. Je décrochai ma lampe de ma ceinture pour aller réparer cette panne soudaine d’électricité. Quand je pointais ma lampe sur un tableau à l’allure effrayante où en son centre se trouvait une masse colorée en forme d’homme, je crus comprendre que cet homme me faisait des signes de la main. Ma première réaction, je ne sais pourquoi, fut de crier. Vaine tentative car dans cet énorme musée, mes cris s’évanouissaient dans un murmure lointain. J’essayai de courir à l’opposé de cette toile mais mes jambes ne répondaient plus. Pour  toute réponse, mes mains se desserrèrent de la lampe qui se brisa sur le parquet dans un bruit sourd. Je fus d’abord pris d’une panique incontrôlable qui me fit trembler de tout mon corps. Ensuite, après m’être calmé je me remémorai ma soirée : les Vodkas prises au bar, la fatigue. J’eus un moment de grande hésitation, j’essayai de me donner des claques pour sortir de ce mauvais rêve. Mais je ne me réveillai point ! Au loin je vis une tache oranger, croyant que c’était la sortie je m’y précipitai, pressé de ne plus vivre ce cauchemar. Je trébuchai alors sur je ne sais quoi et je tombai lourdement. En me relevant, je remarquai que toutes les lumières du musée s’étaient brusquement rallumées. Je voyais toutes les œuvres du musée en détail, j’essayai d’en toucher une, mais impossible ! Apres plusieurs tentatives, je me décourageai. J’essayai une dernière fois en fonçant tête basse sur ce « mur » invisible. Je percutai ce mur avec une telle force que je perdis connaissance. Quand je repris mes esprits, j’entendais des voix lointaines: « Mon Prince croyez-vous que ce n’est pas trop grave ? », « Je ne sais pas valet, tout ce que je sais c’est que ça fera un nouveau valet ! »;.. puis un rire narquois s’éleva.
   Quand je repris connaissance j’étais allongé sur une pierre glacée dans un décor d’horreur. En son centre se trouvait la masse colorée du prince de l’obscurité d’Henry Michaux. Je ne connaissais pas beaucoup de choses mais cela si. C’était mon tableau préféré, je pouvais le regarder pendant des heures, je l’adorais, il me fascinait ! Et là je l’avais devant moi avec sa grande veste colorée et son sourire en coin. Pour la première fois, il s’adressa à moi avec sa voix douce : « Bonsoir piètre gardien, où je devrais dire bonsoir… Bienvenue dans mon tableau, je suis enfermé dans ce cadre depuis 1937. Pour ne pas mourir d’ennui, je prends une fois l’année un gardien du musée qui me garde et là c’est tombé sur toi ! ». Je me relevai avec peine pour regarder le malheureux gardien de nuit, servant du Prince. Aminci, je pense par ses malheureuses journées passées en compagnie du Prince de l’obscurité, il nageait dans sa tenue de gardien. Le Prince reprit la parole : « Comme tous nouveaux, tu dois passer le test, tu devras me peindre. Si je juge le tableau d’une trop grande laideur par rapport à mon humble personne ; tu mourras ! Mais par contre si tu me représentes dans toute ma splendeur, tu pourras rester à mes côtés ! ». A ses mots, il fit apparaître une palette de couleur avec un pinceau et une toile vierge ! Après cette apparition, il me dit tout simplement : « Le test commence, tu as une heure. » Je ne savais quoi faire, la dernière fois que j’avais fait de la peinture, je devais être à l’école maternelle. Tout compte fais après une heure je rendis ma toile avec une simple esquisse en son centre la boule au ventre. Comme toute réponse, le Prince prit son spectre de la main droite et me donna un coup sur le crane d’un geste expert.
   A mon réveil, j’étais encore une fois sur des marches glacées mais cette fois humides par la douce rosée parisienne. J’étais au milieu de la foule dans ma tenue de gardien de nuit sans ma lampe mais avec mes clés dans ma poche. Je cherchais du regard le Prince mais rien, volatilisé. Le décor effrayant d’Henri Michaux avait fait place à l’excitation d’une matinée parisienne sous la grisaille. Perdu, je rentrais chez moi toujours craintif que le Prince m’embarque encore une fois dans son monde.

2 commentaires:

  1. Très bonne nouvelle mais pas assez bien écrite, la meilleure de toutes...

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