Classique Complet
Moi, j’ai ressenti la peur l’hiver dernier
par une nuit de décembre, je marchais Rue du Renard pour me rendre à mon
nouveau travail : Gardien du centre Pompidou. Sur ma route je m’arrêtais à
l’Excelsior pour me prendre un Vodka Martini car j’étais extrêmement fatigué et
la nuit serait longue. Après avoir remercié le barman, je sortis du bar dans le
froid mordant pour me rendre sur mon lieu de travail. Enfin sur place j’entrai
dans la grande galerie où je fis partir
les dernières femmes de ménages retardataires, je me déshabillai dans les
vestiaires déserts où j’enfilai ma tenue. En m’habillant je fis, par
inadvertance, tomber mes clés mais je ne m’en rendis pas compte. Je commençai
mon tour de garde à travers sculptures et peintures. Je sillonnais les allées
avec une grande attention quand tout à coup toutes les lumières s’éteignirent.
Je fus envahi de frissons. Je décrochai ma lampe de ma ceinture pour aller
réparer cette panne soudaine d’électricité. Quand je pointais ma lampe sur un
tableau à l’allure effrayante où en son centre se trouvait une masse colorée en
forme d’homme, je crus comprendre que cet homme me faisait des signes de la
main. Ma première réaction, je ne sais pourquoi, fut de crier. Vaine tentative
car dans cet énorme musée, mes cris s’évanouissaient dans un murmure lointain.
J’essayai de courir à l’opposé de cette toile mais mes jambes ne répondaient
plus. Pour toute réponse, mes mains se
desserrèrent de la lampe qui se brisa sur le parquet dans un bruit sourd. Je fus
d’abord pris d’une panique incontrôlable qui me fit trembler de tout mon corps.
Ensuite, après m’être calmé je me remémorai ma soirée : les Vodkas prises au bar, la fatigue. J’eus un moment de grande hésitation, j’essayai de me donner
des claques pour sortir de ce mauvais rêve. Mais je ne me réveillai
point ! Au loin je vis une tache oranger, croyant que c’était la sortie je
m’y précipitai, pressé de ne plus vivre ce cauchemar. Je trébuchai alors sur je
ne sais quoi et je tombai lourdement. En me relevant, je remarquai que toutes
les lumières du musée s’étaient brusquement rallumées. Je voyais toutes les
œuvres du musée en détail, j’essayai d’en toucher une, mais impossible !
Apres plusieurs tentatives, je me décourageai. J’essayai une dernière fois en
fonçant tête basse sur ce « mur » invisible. Je percutai ce mur avec
une telle force que je perdis connaissance. Quand je repris mes esprits,
j’entendais des voix lointaines: « Mon Prince croyez-vous que ce n’est pas
trop grave ? », « Je ne sais pas valet, tout ce que je sais c’est
que ça fera un nouveau valet ! »;.. puis un rire narquois s’éleva.
Quand
je repris connaissance j’étais allongé sur une pierre glacée dans un décor
d’horreur. En son centre se trouvait la masse colorée du prince de l’obscurité
d’Henry Michaux. Je ne connaissais pas beaucoup de choses mais cela si. C’était
mon tableau préféré, je pouvais le regarder pendant des heures, je l’adorais,
il me fascinait ! Et là je l’avais devant moi avec sa grande veste colorée
et son sourire en coin. Pour la première fois, il s’adressa à moi avec sa voix
douce : « Bonsoir piètre gardien, où je devrais dire bonsoir…
Bienvenue dans mon tableau, je suis enfermé dans ce cadre depuis 1937. Pour ne
pas mourir d’ennui, je prends une fois l’année un gardien du musée qui me garde
et là c’est tombé sur toi ! ». Je me relevai avec peine pour regarder
le malheureux gardien de nuit, servant du Prince. Aminci, je pense par ses
malheureuses journées passées en compagnie du Prince de l’obscurité, il nageait
dans sa tenue de gardien. Le Prince reprit la parole : « Comme tous
nouveaux, tu dois passer le test, tu devras me peindre. Si je juge le tableau
d’une trop grande laideur par rapport à mon humble personne ; tu
mourras ! Mais par contre si tu me représentes dans toute ma splendeur, tu
pourras rester à mes côtés ! ». A ses mots, il fit apparaître une
palette de couleur avec un pinceau et une toile vierge ! Après cette
apparition, il me dit tout simplement : « Le test commence, tu
as une heure. » Je ne savais quoi faire, la dernière fois que j’avais fait de
la peinture, je devais être à l’école maternelle. Tout compte fais après une
heure je rendis ma toile avec une simple esquisse en son centre la boule au
ventre. Comme toute réponse, le Prince prit son spectre de la main droite et me
donna un coup sur le crane d’un geste expert.
A mon réveil, j’étais encore une
fois sur des marches glacées mais cette fois humides par la douce rosée
parisienne. J’étais au milieu de la foule dans ma tenue de gardien de nuit sans
ma lampe mais avec mes clés dans ma poche. Je cherchais du regard le Prince
mais rien, volatilisé. Le décor effrayant d’Henri Michaux avait fait place à
l’excitation d’une matinée parisienne sous la grisaille. Perdu, je rentrais
chez moi toujours craintif que le Prince m’embarque encore une fois dans son
monde.
Très bonne nouvelle mais pas assez bien écrite, la meilleure de toutes...
RépondreSupprimertrès bon commentaire
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