La statue


Librio Collège





LA STATUE




Nouvelle fantastique




Julien COHIER
Sébastien BENOÎT







Moi, j’ai ressenti la peur l’hiver dernier, par une nuit de décembre.
Je m’appelle Marc, j’ai quatorze ans. Pour leurs vingt ans de mariage, mes parents, Pierre et Yvonne, avaient loué une chambre pour une nuit dans un château se situant dans les Alpes. Le village le plus proche se situait à plus de vingt kilomètres. Mon père adorait les châteaux contrairement à moi, qui les détestais. Le trajet fût très long. Arrivée au pied de la montagne, la voiture tomba en panne. Nous avons dû monter sept kilomètres avec une pluie torrentielle. On ne voyait pas à plus de dix mètres devant nous. Le trajet avait duré plus de trois heures. Arrivés au château, nous n’avions plus de force. Il était immense, des tapisseries avaient été posées sur les murs et de grands lustres en cristal étaient accrochés au plafond. Le directeur du château nous a accueillis les bras grands ouverts et avec un grand sourire aux lèvres. Il nous a conduit dans nos chambres. Celle de mes parents était bien décorée. La mienne se situait au bout du couloir. Lorsque j’entrai dans ma chambre, je l’examinai. Elle était spacieuse et joliment décorée. Beaucoup de tableaux étaient accrochés aux murs, un lit immense était adossé au mur et une statue était installée au milieu de la chambre. A gauche de celle-ci, il y avait une salle de bain toute équipée. Les murs étaient rouge écarlate. Je fis quelques pas et m’écroulai sur mon grand lit.

Soudain, au beau milieu de la nuit, la fenêtre de ma chambre claqua violemment. Je me réveillai en sursaut et je vis que la statue avait levé le bras droit. Je me levai et fermai ma fenêtre. Ensuite, je me rendis à la salle de bain et me passai de l’eau sur le visage malgré ma fatigue. Quand je revins dans la chambre, je fis un bond de terreur, la statue avait bougé l’autre bras. Je me dépêchai de regagner mon lit. J’étais transi de peur. Je me cachai sous la couette. Quelques minutes plus tard, j’entendis un gros bruit. Quand je regardai en dehors de ma couette, je vis que la statue n’était plus sur son support. J’étais effrayé mais j’avais du mal à croire ce qui se passait sous mes yeux qui avaient du mal à rester ouverts. Soudain, les murs ont changé de couleur. Ils ont viré du rouge écarlate au blanc. La statue s’est mise à bouger et elle se dirigea vers les tableaux. Je suivai le spectacle avec stupéfaction et avec effroi. La statue leva ses bras et les posa sur les tableaux. Tout à coup, une lumière m’aveugla et je me cachai sous ma couette pour protéger mes yeux.

Quand je ressortis de ma couette, un phénomène étrange s’était produit. Les personnages des tableaux étaient devenus réels. Ils s’assirent tous au milieu de la pièce et ils attendirent à peu près une demi-heure. A un moment, la statue leva le bras et posa sur le sol des vieux jeux de société : jeux de dames, jeux d’échecs, jeux de morpions et jeux de dominos. Les personnages les prirent et commencèrent à jouer. C’était un spectacle fascinant qui s’offrait à mes yeux. Puis je remarquai qu’une petite fille était toute seule dans son coin. Je le rejoignai. Elle me demanda si je voulais faire une partie de dames. J’acceptai et nous commençâmes la partie. Elle m’expliqua qu’un grand tournoi de jeux allait commencer et elle voulait s’entraîner avec moi.

La partie était très serrée. La petite fille se débrouillait bien. Moi aussi, je joue à ces jeux à l’école. J’étais absorbé par cette partie de dames mais j’étais aussi terrifié. Cela faisait bizarre de jouer avec un fantôme. Au bout de dix minutes, je remportai la victoire. La petite fille était très déçue, elle m’a dit que j’étais un grand joueur. Soudain la statue s’est approchée de la petite fille, elle la toucha avec ses bras et la fille disparut. La statue repartit sans rien dire. Un joueur de dominos vint à ma rencontre. Il m’expliqua que le perdant d’une partie disparaissait sans laisser de traces. J’étais terrifié et submergé par la peur. Il me proposa de faire une partie pour me changer les idées. Mais comment se les changer en sachant que si l’on perd, la statue nous fait disparaître sans laisser de traces. La partie commença et je me retrouvai vite en difficulté. Pendant ma partie, j’entendis des cris à glacer le sang. J’essayai de penser à autre chose et de me concentrer davantage. Ce joueur de domino était très doué. Je finis enfin par gagner. Je fis un bond de terreur et regagnai illico presto mon lit en apercevant la statue qui s’approchait du joueur de domino. Elle toucha une nouvelle fois avec ses bras et il disparut. Je me cachai sous ma couette pour ne pas assister à cet atroce spectacle. Je pensai à rejoindre mes parents mais ils ne me croiraient pas. Je continuai à entendre des cris. J’étais de plus en plus terrifié et je n’osai même plus regarder dehors. Je restai comme ça pendant une heure.

J’osai quand même regarder ce qui se passait, et là je vis qu’il ne restait que quelques personnes. Un joueur de morpion vint me voir et parler avec moi. Il me força à faire une partie. Je la remportai et il disparut. Il ne restait que moi et un joueur d’échecs. Nous discutâmes pendant une heure et demi. Il s’appelait Xavier. Nous avions plein de choses en commun. Il m’expliqua que la statue libérait les personnages des tableaux une fois tous les siècles pour le tournoi des jeux et les perdants regagnaient les tableaux. Mais le vainqueur pouvait revenir dans le vrai monde et refaire une nouvelle vie. Il me disait que ses pièces préférées étaient les tours. Il me disait aussi qu’il aimerait remporter le tournoi. Il me défia pour la finale. Les parties d’échecs étaient mes jeux préférés. La partie était intense. Il m’a mit sept échecs contrairement à moi qui ne lui en ait mais que trois. Avec une ruse ingénieuse et avec l’aide de ses tours, il me prit ma dame et mes fous. Pendant la partie, il m’avoua qu’il était tout le temps tout seul et que j’étais devenu son meilleur ami. Cela me touchait beaucoup. Je perdis le fil de la partie mais je réussis à le mettre échec et mat.

J’étais content pour moi mais déçu pour lui. Il m’expliqua que ce n’était pas grave car il avait quelque chose de très important : un ami. J’étais profondément ému. Xavier s’approcha de la statue. Elle le toucha et il disparut. J’étais ivre de colère. Je me précipitai sur la statue et la poussai d’une extrême violence sur le sol. Elle tomba et se brisa en mille morceaux. Une lumière m’aveugla et je m’endormis.

Je me réveillai difficilement. Mes parents étaient assis à côté de moi. Ils n’étaient pas contents car la statue était cassée. Ils descendirent dans le hall pour payer l’hôte, tandis que moi, je faisais mes affaires. Nous rentrâmes à la maison dans le silence, mais au plus profond de moi je repensai toujours à Xavier.

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