DRÔLE DE NOËL
A.Taxil--Paloc
L.Geslain
Les récits fantastiques
Ce noël de 1968, nous fûmes invités chez des amis de mes parents qui habitaient dans un manoir au cœur de la Lande.
Nous partîmes joyeux car le temps était radieux mais il changea en cours de route et très vite je fus fatiguée de voir la pluie tomber derrière les vitres et je commençais à me sentir d’humeur maussade. C’est donc sous la pluie et frigorifiés que nous terminâmes le voyage.
Nos hôtes nous accueillirent chaleureusement, ils nous avaient préparé un somptueux dîner.
J’étais étourdie par le bruit des conversations, la fatigue du voyage et l’abondance de la nourriture. Toutefois la politesse m’obligea à rester à table avec tous les convives.
La maîtresse de maison nous donna le signal tant attendu et nous pûmes nous retirer dans nos chambres. Ma chambre était au niveau des combles, assez éloignée de celle de mes parents et des autres invités ; mais elle me plut car j’avais l’impression d’être une princesse au milieu de cette pièce meublée d’un lit à baldaquins, d’une coiffeuse, d’un tapis rose très doux et de rideaux en velours fuchsia.
Je me couchai, m’emmitouflai dans mon lit douillet et m’endormis rapidement.
Je fus tirée de mon sommeil par une soif intense. Je me levai, enfilai
mes pantoufles et descendis avec précaution l’escalier qui menait au salon et à la cuisine.
En sortant de la cuisine avec mon verre d’eau à
la main, je fus saisie d’une peur panique en distinguant une ombre imposante assise devant le piano. Mon verre se cassa en mille morceaux en touchant le sol avec fracas, la forme se retourna lentement et avec raideur. C’est alors que je reconnus la statue que j’avais aperçue quelques heures auparavant dans un coin du salon. Je sentis mon cœur s’emballer, je poussais un cri d’effroi. La statue se retourna vers le piano, comme si rien ne s’était passé et se mit à jouer un air familier qu’un ami me chantait quand j’étais plus jeune : la berceuse de Brahms.
Soudain, une sueur froide me parcourut tout le corps, lorsque je vis que le statue se transformait en cet ami qui était mort lors d’un accident, dans notre enfance. Une énorme terreur m’envahit, et me glaça le sang mais bientôt je fus partagée entre deux états : la peur et l’attirance: en effet, revoir mon ami vivant m’épouvantait, mais me rendait heureuse aussi.
C’est alors que mon ami me fit signe d’approcher, ce que j’accomplis non sans quelque crainte.
Que voulait-il ?
Il souhaitait m’apprendre à jouer du piano pour que son souvenir me hante à jamais. J’obéis, ensorcelée par cet être irréel. Ce ft un étrange moment qui dura une partie de la nuit jusqu’à ce que soudain un filet de lumière passa au travers des épais rideaux et vint m’éblouir. Ce qui me fit m’évanouir.
C’est dans mon lit que je me réveillais, perturbée par ce que je venais de vivre. Mais pourquoi étais-je dans mon lit ? Et où était donc la statue de mon ami ? Que s’était-il passé ?
Sans bien comprendre ce qui m’arrivait, je descendis en grande hâte dans le salon mais ni la statue, ni le piano n’était là, donc rien de ce que j’avais vécu n’existait. Avais-je rêvé ?
Je vis mes parents attablés dans la cuisine pour le petit déjeuner et j’hésitais à tout leur révéler de peur qu’ils me prennent pour une folle.
C’est alors que je compris que la nuit de Noël, tout peut arriver et que les gens que l’on aime peuvent revivre dans notre cœur.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qu'avez-vous apprécié à la lecture de cette nouvelle?